Air, eau, feu et terre en fonction, arc-en-ciel, marée, lune et soleil en mouvement, femmes, enfants et hommes sur pied, animaux et végétaux en place, on décida en haut lieu de mettre la machine en marche et chacun reçut sa chacune. Pour l’histoire qui nous intéresse, on attribua le raisin au vigneron. Ce dernier, sachant compter ses deniers, décida de multiplier et de diversifier son legs pour le bien-être de sa tribu qui, croquant déjà à belles dents le grain, apprit très diligemment à boire le vin.

Avec la première grappe, notre homme créa le FENDANT, premier blanc sec, léger, printanier, gouleyant dans les gosiers qu’assèchent la parole, le sel ou le labeur.

Puis il affina son expérience; d’une seconde grappe coula le JOHANNISBERG au fruité délicat de la poire qu’on garde pour la fine soif et au goût d’amande qu’on fend pour la petite faim.

Dans la même foulée inspirée, il se saisit d’une troisième grappe, invoqua Bacchus et Dionysos, les jumeaux à la dive bouteille; puis il emplit les amphores de l’HERMITAGE, si long en bouche que la vie paraît trop courte pour en découvrir les secrets aromatiques, dont l’amertume subtile de l’olive et l’ampleur grasse et odorante du genévrier… A vos nez pour les suivants !

La quatrième grappe, aux grains brûlants, à la peau cuivrée, glissa dans l’alambic du magicien. Il en jaillit la MALVOISIE, étoile solaire, qui dispensa ses rayons de miel et ses pépites d’or safrané dans les palais obscurs et éblouis…

A la cinquième et dernière grappe blanche, dont les petits fruits pressés les uns contre les autres attendaient leur tour, l’alchimiste récapitula sa recette: une pincée de sel marin, une once de suavité, un zeste de limon vert, une mesure d’audace, du charme à volonté, un caractère unique… La PETITE ARVINE était née.

Restaient dès lors à produire les vins rouges. Le maître égraina une douzaine de perles rubicondes et chatoyantes, une autre douzaine de billes violacées et musquées. Il touilla le tout, huma, emplit son tâte-vin et se réjouit de la DÔLE ainsi élaborée.

De la même veine, pour accompagner la Belle, il imagina le PINOT NOIR, pur-sang racé aux nobles ardeurs de chevalier servant, qui, prenant de l’âge et de la bouteille, allait gagner en générosité.

Il pensa ensuite aux longues soirées tièdes et douces que l’on passe l’été sous la tonnelle; il improvisa en conséquence, et plus tard, tandis que les petits se désaltéraient à la citronnelle, les grands levèrent leur verre à la santé de l’ ŒIL-DE-PERDRIX, dont la robe bois de rose et la fraîcheur cristalline charmèrent les estivants.

A chaque saison son vin de prédilection. Notre industrieux personnage respira la brume automnale, la forêt moussue, les girolles rousses, entendit le cor de chasse… En deux temps et trois mouvements, il soumit l’HUMAGNE ROUGE à ses sens olfactifs et à ses papilles gustatives; il sourit, satisfait: cette jeunesse promettait!

L’hiver approchant, il fallut à notre poète, composer le dernier vers du dizain vinique. Il offrit à son public un feu d’artifice nommé DIOLINOIR, où passion rime avec délectation, rondeur avec profondeur, ivresse avec allégresse, amour avec « glamour », où le sud perd le nord et Holopherne la tête…

Voilà terminée une des légendes qui racontent le vin dans tous ses états. A vous, Chère Madame, Cher Monsieur, de le boire et de l’apprécier selon vos goûts, au jour et à l’heure qui vous chanteront ! Dès la fin juin, toute la gamme de nos bouteilles, récolte, attend votre bon plaisir, lequel nous honorera, nous l’espérons, d’une visite ou d’un message.

Marie-Antoinette