Premier pas de deux pour nos bouteilles et flacons, récolte 2002; jouvencelles et jouvenceaux ouvrent le bal avec cavalière et cavalier de leur choix, puisque les unions de raison n’ont plus cours dans le monde du bien-manger et du bien-boire de notre temps. On pardonnera donc certaines mésalliances et incongruités, dont le sage usage du savoir-vivre d’antan se fût vigoureusement défendu.
Le FENDANT, éternel adolescent vif-argent file l’amour parfait au bras de l’onctueuse Fondue au fromage d’alpage, unie pour le meilleur des plaisirs à un soupçon d’ail et à de généreuses larmes de kirsch.
Le JOHANNISBERG, jeune homme de bonne famille au maintien chic, s’incline devant la tendre et printanière botte d’Asperges à la Mornay et l’invite aux réjouissances de la contredanse.
L’HERMITAGE, frais émoulu des coteaux rhodaniens et de leur antique culture vinicole ondoie dans le sillage de la Galantine de saumon, native des berges rhénanes où traditions culinaires et séculaires marchent de pair.
La PETITE ARVINE, demoiselle fleurant bon pimprenelle et citronnelle, tournoie avec le Homard Thermidor dont les pinces belliqueuses dorment au vestiaire tandis qu’il rougit d’aise tout contre sa belle.
La MALVOISIE, en douceur et en grâce, subjugue d’une seule œillade le cœur du Saint-Honoré et guide sa conquête vers la gorgée de félicité et la bouchée de volupté.
La DÔLE, dans ses atours écarlates, engage une mazurka fougueuse avec le Bœuf bourguignon, fondant et enivré de tendresse.
Le PINOT NOIR, aux nombreux et discrets quartiers de noblesse, valse aristocratiquement avec l’Escalope viennoise, parée de sa robe à panier couleur pain doré.
L’ ŒIL-DE-PERDRIX, très « mode » dans sa tunique échalote, initie à la pirouette la Blanquette de veau, délicieuse petite bourgeoise dont la délicatesse n’a d’égale que la modestie.
L’ HUMAGNE ROUGE, tour à tour elfe des airs et muse de la terre, esquisse une bourrée, main dans la main, avec le Canard laqué bombant le torse sous son plastron tanné.
Le DIOLINOIR, maître de cérémonie, sanglé dans son frac noir feu, enlace la Selle de chevreuil braisée aux girolles pour une folle caracole.
La SYRAH, benjamine de la tribu, chaperonnée par ses aînés, assiste à la fête sans y participer; son jeune âge l’en empêche; son charme précoce de petite brune piquante lui réserve à coup sûr un avenir prometteur, puisque les galants se pressent déjà au portillon.
Abandonnons notre société dansante au Bal des Festins et des Vins, récolte 2002 et patientons jusqu’à la fin juin pour les retrouver tous, frais et dispos, à l’étape de Martigny, après quelques mois de repos au Château de Molignon et avant la nouvelle aventure que vous tous, amis amateurs, allez leur offrir, en les accueillant chez vous à bras ouverts et gosiers émoustillés!
Marie-Antoinette